YOGA

C’EST QUOI LE YOGA

Le mot yoga dérive du mot français joug, avec la signification d’attelage, d’union et d’identification.

La fusion de la conscience individuelle et de la conscience universelle. 

Le Yoga devrait être compris aujourd’hui comme un processus de transformation et ce qui compte vraiment, c’est l’intention qui sous-tend la pratique. Le Yoga transforme non seulement notre façon de voir les choses, mais aussi ce que nous sommes, il provoque et change la manière de percevoir notre vie et nos valeurs, en nous élevant vers de nouveaux univers de sagesse grâce à unification de tous les aspects de notre être.

Le but de la pratique devrait être l’éveil d’un niveau différent de conscience.

Les postures demandent non seulement de la force et de l’équilibre, mais également un esprit serein et de la concentration. 

En associant les pratiques anciennes et modernes, l’intention reste la même : intégration de l’esprit, du corps et de la respiration amenant le praticien à un état final de libération et d’union avec sa nature profonde. 

Le Yoga est une voie universelle, une méthode pratique de développement qui se propose d’élever les êtres humains vers des niveaux supérieurs de santé physique, de clarté mentale et de conscience spirituelle.

SANKALPA

Brihadaranyaka Upanishad IV.4.5

Kalpa : vœu San : connexion à la plus haute vérité/née de votre cœur 

L'acte de sankalpa est de faire un vœu qui vous aide à avancer vers vos désirs les plus profonds. 

Dans la pratique du yoga, l’intention ou en Sanskrit «sankalpa», est utilisée pendant la pratique des poses (asana), la méditation ou pendant le yoga nidra («sommeil yogique»).

L’intention est une dédicace, un vœu, une résolution ou une attention particulière que nous développons pour créer un changement en nous-même ou dans notre manière d’interagir avec le monde.

NAMASTE

 La lumière en moi salue la lumière en toi.

Mon âme salue ton âme.

Mon âme salue ton âme. En toi, je salue cet espace où réside l’univers entier. En toi, je salue la lumière, l’amour, la beauté, la paix parce que ces choses se trouvent aussi en moi. Parce que nous partageons ces attributs, nous sommes reliés, nous sommes semblables, nous ne sommes qu’un.

Nama signifie s’incliner, as signifie je, et te signifie toi. Namasté signifie donc « je m’incline devant toi ».

Le geste Namasté symbolise la croyance qu’il existe une lumière divine en chacun de nous, située dans le chakra du cœur.

Ce geste est un signe de reconnaissance d’une âme envers une autre âme.

Nous joignons les mains en prière en anjali mudra  qui signifie geste de révérence, salut ou bénédiction. Mudra signifie sceau ou signe. On appelle aussi cela le yoga des mains. 

On fait le geste devant le chakra du cœur pour que l’amour divin circule davantage en nous. Incliner la tête et fermer les yeux aide l’esprit à s’abandonner au Divin dans notre cœur. On peut faire le geste Namasté à soi-même, et c’est alors une technique de méditation nous aidant à aller plus à l’intérieur de nous-même, dans le chakra du cœur.

APERCU HISTORIQUE DU YOGA

LES VEDAS

PÉRIODE VÉDIQUE OU PRÉCLASSIQUE

Les plus anciens témoignages écrits de la pratique du yoga datent de la période védique (4500-2500 av. J.-C.). Les premiers vestiges archéologiques remontent aux evnirons de  4500 ans , sur deux sites de la vallées de l’Indus.

Il existe une lumière au-delà de toute chose sur terre, au-delà de nous tous, au-delà des cieux, au-delà de l’apex du monde, des cieux les plus hauts. C’est la lumière qui sourd dans notre cœur. „

Upanishad Chandogya

Une tradition ancienne a fait le lit, large et profond, du yoga. Ses courants multiples ont pour source l’histoire complexe d’une exploration spirituelled’une réflexion philosophique, d’une expérimentation scientifique et d’une expression créative spontanée. 

Les philosophies, les enseignements et les pratiques du yoga, surgis des cultures variées en évolution de l’Inde, souvent convoyés par l’hindouismele bouddhismele jaïnisme, se révèlent d’une richesse aussi multiple que les innombrables affluents de l’immensité du yoga à travers ses manifestations. 

Ce que nous savons de ses origines et de son développement nous est parvenu d’un éventail de sources parmi lesquelles figurent les textes anciens, la transmission orale de tel ou tel yogi ou de telles lignées spirituelles, des ensembles d’images, des danses et des chansons. 

La compréhension de l'histoire nous permet d'approfondir l'évolution de la pratique jusqu'aujourd'hui.

L’histoire du yoga a beau plonger ses racines plusieurs milliers d’années en arrière, les premiers écrits connus remontent à des textes spirituels hindous anciens s'appelant les Védas (littéralement, « le savoir »).

Les spécialistes débattent encore de la date de composition et de l’origine des Védas 

(1700-1100 av. J.-C.). 

  • Rig Véda

  • Yjur Véda

  • Sama Véda

  • Atharva Véda

  • Mantra Samhitas – hymnes -poèmes métiques, prières – en honneur des déités

  • Brahmanas – rituels – écrits en prose – pratiques sacrificielles

  • Aranykas – technologies – outils de méditation – mysticisme , symbolisme

  • Upanishads (partie finale d’un Véda – dit Védanta – s’assoir pour écouter et apprendre) – philosophies – textes gnostique – unité fondamentale de toute chose

Le plus vieux de ces textes s’intitule le Rig Véda  et la pluspart des  expertes  opinent que les 1’028 hymnes du Rig Véda , dont l’origine divine ne fait aucun doute pour bon nombre de gens, forme la source écrite originelle du yoga.

Sous forme de poèmes composés par des maîtres spirituels (des voyants) au cœur d’une culture dans laquelle la plupart des pratiques spirituelles étaient en relation directe et immédiate avec la nature, à la recherche de sens et de bien-être, ces hymnes reflètent l’exploration mystique de la conscience, de l’être et de la connexion au divin

C’est à travers ces textes que le yoga, dont le sens littéral est « atteler », autrement dit «ne faire qu’un», est mentionné pour la première fois.

L’attelage recherché, c’est celui du mental d’une personne avec le divin, une qualité autotranscendantesusceptible de créer un pur état de conscience dans lequel l’impression du « moi » s’évanouit dans le sentiment d’une essence divine. 

La méditation est l’outil majeur que décrivent les voyants védiques dans le Rig Véda comme accès à cet état de conscience unifiée. 

La forme primordiale de méditation passe par les mantras, la répétition de certains sons conçus pour créer une résonance intérieure en écho avec l’essence divine. 

Ces sonorités sont exprimées par les voyants sous une forme que l’on tient pour la pure expression divine, vierge de toute pensée. On plongera plus profondément dans l’état méditatif en visualisant une divinité et en absorbant totalement l’idée même de la divinité dans son cœur. 

Un grand nombre des hymnes védiques sont aujourd’hui partagés dans le kirtan – chant de l’appel-réponse – que véhiculent les adeptes du yoga bhakti (yoga de la dévotion, sous-entendu au divin).  Ce sont les Hare Krishna qui ont sans doute les premiers popularisé la mélopée – le chanting -  des mantras en Occident. 

 Mais des chanteurs populaires comme Jai UttalDeva Premal et Krishna Das ont intégré cette pratique dans les ateliers courants de yoga à travers ce même Occident.

C'est dans le Rig Véda que nous trouvons le mantra le plus connu: LE GAYATRI MANTRA.

Om Bhur Bhuvaḥ Swaḥ
Tat-savitur Vareñyaṃ
Bhargo Devasya Dheemahi
Dhiyo Yonaḥ Prachodayāt

Signification générale :

Nous méditons sur le Seigneur suprême le plus adoré, le créateur, dont l'effusion (la lumière divine) illumine tous les domaines (physique, mental et spirituel). Que cette lumière divine illumine notre intellect.

Signification des mots : 

Om : Le son primitif ; Bhur : le corps physique / le domaine physique ; Bhuvah : la force vitale / le domaine mental Suvah : l'âme / le domaine spirituel ; Tat :  That (Dieu) ; Savitur : le Soleil, Créateur (source de toute vie) ; Vareñyam : adorer ; Bhargo : effusion (lumière divine) ; Devasya : Seigneur suprême ; Dhīmahi : méditer ; Dhiyo : l'intellect ; Yo : Que cette lumière ; Nah : notre ; Prachodayāt : illuminer/inspirer.

LES UPANISHADS

À la toute fin de la période védique, tout un nouvel ensemble d’écrits anciens sur le yoga fit son apparition en Inde. 

Les Upanishad les plus récentes furent composés au cours du I er millénaire avant J.-C. pour entrer dans la composante d’un mouvement spirituel qui reposait sur des rituels élaborés et secrets, lesquels donnèrent naissance à des pratiques strictement intériorisées. 

Les Upanishad offrent d’abord des explications rigoureuses de la pratique du yoga, quoiqu’elles se concentrent sur la méditation.

 Quant à leur nombre, il fait l’objet d’estimations aussi larges qu’entre cinquante et trois cents. 

 Chacune prend l’allure d’un dialogue philosophique sur la nature de l’être et le destin de l’âme

Elles sont tenues pour l’essence et l’expression finale des Védas et à ce titre connues pour constituer 

la philosophie du Vedanta (« l’aboutissement des Védas »).

BRAHMAN ET ATMA

En tant qu’expression de la philosophie religieuse hindoue, les Upanishad proclament la croyance en un esprit universel, le brahman, et en une âme individuelle, l’atma . 

Brahman est l’infini absolu, l’existant de toute éternité et de tout ce qui sera. 

Atman, ou conscience individuelle, est le moi dont nous faisons l’expérience dans notre conscience limitée, celui qui est supposé la conscience de nous-mêmes en décalage avec le moi réel qu’est l’absolu, le brahman. 

Les pratiques rituelles et contemplatives décrites dans les Upanishad visent à unifier – atteler – atman et brahman par l’abandon des contraintes du monde et de la limitation de la conscience qui nous interdit l’accès à l’état vrai de l’unité.

Les pratiques décrites dans les Upanishad ne s’apparentent guère à celles que l’on trouve dans les cours de yoga en Occident actuellement. 

Upanishad signifie « s’asseoir à côté, aux pieds » par allusion à la façon de s’asseoir près des pieds de quelque gourou en quête d’illumination.

La pratique du satsang ( sat , la vérité, et sangha , en compagnie de), elle qui implique que l’on s’assoie en compagnie d’un enseignant, d’un gourou ou parmi d’autres pratiquants pour apprendre et expérimenter l’élargissement spirituel grâce à l’assimilation des pensées de l’enseignant.

En outre, les Upanishad restent la plus ancienne source écrite qui décrive ce qui se rapporte de nos jours à l’anatomie yogique du corps subtil ou corps énergétique.

Le concept des trois parties corporelles (le corps causal, le corps subtil, le corps physique) et des koshas (les « cinq fourreaux ») apparaît dans l’une des plus vieilles Upanishad , la Taittiriya (2.1-9). 

 Le prana, ou « force de vie », est cité dans plusieurs Upanishad .

 Un passage de l’ Upanishad Kaushtaki (3.2) délivre l’une des descriptions les plus connues aujourd’hui du prana : 

 « La vie est prana, le prana est la vie. Aussi longtemps que le prana habite le corps, la vie y demeure. C’est à travers le prana que l’on obtient, même en ce bas monde, l’immortalité. » 

La pratique d'aujourd'hui se base encore et notamment sur la connexion au souffle, à la respiration, comme étant le guide , l'initiation de tout mouvement, de la vie.

On trouve des description sur quelques positions assises, sur le pranayama dans l'Upanishad Darshana et dans d'autre encore le détail des pratiques de méditations et contemplation. Toujours dans le but de la recherche de l'unité.

BHAGAVAD GITA

La Bhagavad Gita , ou chant de Dieu, datant du 4 siècle avant J.-C. est un texte inspiré des Upanishahds et l’un des plus renommé s’inspirant d’eux, il explore le mystère de l’esprit

Elle est considérée comme la première ouvre sur le yoga, elle fait partie du Mhahbharat, l’un des plus longs poèmes épiques de l’hisoitre, généralement attribué au sage védique Vyasa.

Elle procure un ensemble de principes pour une vie d’action consciente. 

Inspirée par un événement historique, la Bhagavad Gita , constitue, par son symbolisme, un guide de libération spirituelle

Le feu du désir et les manifestations de l’ego suscitent des conflits intérieurs capables de bloquer notre illumination et la réalisation de nous-mêmes. 

Les pratiques que décrit la Bhagavad Gita offrent une voie vers la « paix intérieure » par la connexion avec le divin. 

La paix intérieure nous habite, mais le vacarme erratique du mental – le « JE » – nous en tient à l’écart. 

L'histoire prend l’allure d’un dialogue entre le prince guerrier Arjuna et son aurige, Krishna. 

Alors qu’il laisse son regard embrasser le champ de bataille, Arjuna reconnaît ceux qu’il aime. Ils ont tenté de le détruire et ont ruiné sa vie. Et pourtant, il pense qu’il ne lui faut pas faire la guerre pour les tuer et reconquérir son royaume. 

À Krishna, il demande conseil. Et c’est à Krishna d’exposer l’idée de dharma ou devoir de destinée

En nous fondant avec notre moi immortel, avec le brahman, avec l’Un, la conscience divine ultime, nous avons le pouvoir de transcender notre mortaliténotre attachement au monde matérielpour vivre dans l’amour de l’infini. 

Alors qu’Arjuna veut s’abstenir d’agir, Krishna le met en garde : c’est dans l’action que le devoir de destinée de chacun et sa nature divine se manifestent

Voici les trois voies du yoga expliqué par Krishna à Arjuna:

  • Yoga karma – le yoga de service. Abandonner le fruit de ses actes en continaunt d’agir dans le monde. On le traduit littéralement comme la voie de l’« union par l’action ». Le yoga karma implique l’action sans considération du désir ou de l’intérêt personnel. Krishna dit qu’il purifie le mental et rend plus perceptible la nature divine de chaque existence : « Se libérer de l’acte ne s’obtient jamais en s’abstenant d’agir. Personne n’atteindra à la perfection en cessant tout simplement toute action […] Le monde est prisonnier de sa propre activité, sauf quand les actions s’accomplissent pour honorer Dieu […] La récompense de toutes les actions doit se chercher dans l’illumination. »

  • Yoga jnana – le yoga du savoir. La sagesse délivre par la discrimination la vrai nature de soi et de l’univers en séparant le vrai du faux.Méditatif – Pratyhara – pranaymaEn aiguisant ses facultés de discrimination et de détachement, il devient possible de transcender les limitations temporelles qui sont l’affaire du « je » mental. Krishna explique que le yoga jnana produit un intellect débarrassé de l’illusion qui s’est créé une conscience de la différence entre corps et âme. Dans cette conscience, l’on devient indifférent à l’issue des actions car investi de la connaissance de l’absolu.

  • Yoga bhakti – le yoga de la dévotion. Par l’amour et la dévotion envers Krishna, on obtient la libération de la souffrance. Parce qu’il se tient sans cesse au contact de Dieu, le yogi bhakti, selon la parole de Krishna, est guidé par l’amour et l’innocence pure au cours de sa vie spirituelle : « Engage ton esprit dans la pensée permanente de Moi, deviens mon adepte inconditionnel, offre-Moi le rituel de tes gestes et vénère-Moi. Parce que tu seras tout entier absorbé en Moi, très certainement il adviendra que tu deviennes Moi. » Le commencement de cette pratique consiste à chanter les noms de Dieu et les récits des écritures, à méditer sur Dieu, à offrir un service désintéressé, à accomplir le présent de la prière et à agir par tout moyen pour se comporter en être purement dévoué, aimant.

Le principe central de la Bhagavad Gita est que chacun doit s’efforcer de s’acquitter au mieux de ses devoirs sans s’inquiéter des résultats.

Il est important de rappeler que le yoga dépasse de loin la pratique suivie en cours, que la vie placée sous le signe du yoga ne s’arrête pas, loin de là, au tapis d’exercice, qu’elle s’étend au monde de chacun, chaque jour. 

Dans cette intégration et vécu du yoga au quotidien, la voie sur le chemin de yoga de chacun trouve sa pleine expression. 

COSMOLOGIES DU YOGA

LES COSMOLOGIES DU YOGA

La cosmologie est l'étude de l'univers dans sa totalité et, par extension, de la place de l'humanité dans celle-ci. 

Bien que le mot cosmologie soit récent, l'univers a longuement été étudié par la science, la philosophie, l'ésotérisme et la religion. La cosmologie peut nous aider à trouver des réponses à des questions telles que : Qu’est-ce que le monde ?  Comment se concrétise-t-il ?  Comment fonctionne le monde ?  Quel est le but de l'existence ?

Dans le vaste domaine de la philosophie du yoga (voir les six écoles orthodeoxes ci-dessus), il existe différentes versions de la cosmologie. Celles-ci diffèrent non seulement en termes de détails, mais aussi en termes de ce qu'elles proposent comme sens profond de l'univers. 

Les deux principales cosmologies connues sont :

1.   Samkhya

2.   Shivaïsme du Cachemire

 1. Samkhya

Selon cet approche, la souffrance résulte d’une identification ou d’un attachement au corps, à l’esprit et à d’autres aspects de la matière (prakriti) plutôt qu’à leur essence intrinsèque, la pure conscience (purusha).

Parusha : la pure conscience

Prakriti : le monde matériel dans lequel purusha est encastré.

 Prakriti offre trois qualités, nommées gunas (cordes), qui désignent les tendances naturelles du mental et des émotions, expression des koshas manomaya et vijnanamaya. 

Prakriti est aussi le véhicule de parusha, il est la base de toute activité par laquelle le monde matériel existe et fonctionne.

Selon cette philosophie, la source de toute existence est la Conscience Cosmique qui se manifeste dans tout l’Univers en une 

énergie masculine : Purusha

une énergie féminine : Prakriti. 

Ces deux énergies sont décrites comme éternelles, non mesurables, existant hors du temps et de l’espace. 

Elles sont présentes dans chaque objet de l’Univers, qu’il soit animé ou inanimé.

Purusha est l’énérgie de la conscience pure, passive. Elle ne possède pas de structure ou d’attributs. C’est l’existence sous sa forme la plus simple, la plus pure, sans manifestation active, sans notion de cause ou d’effet. Elle ne participe pas à la création ou à l’évolution de l’Univers, mais en demeure le témoin silencieux. 

Prakriti est l’énérgie opposée, active, décisionnaire. Elle se manifeste en des couleurs et des formes, elle est l’énergie créatrice divine. Elle est l’Unique qui devient multiple. Elle est la Mère divine de l’Univers. 

Mahad est l’intellingece Cosmique ou Buddhi.

Ahamkar est l’ego, la perction du « je suis ».

De Ahamkar se divise en 3 énérgies élémentaires : les GUNAS

Sattva, Rajas et Tamas

LES TROIS GUNAS

 • Sattva rend compte d’un état mental calme et clair, le sentiment de complétude et de plénitude. Empli de ce ressenti de légèreté, de clarté et de tranquillité, vous vous montrez enclin à plus de bienveillance et de compréhension envers vous-même et les autres. La philosophie du yoga le qualifie d’état mental naturel. Nous agissons dans ce monde avec aisance parce que notre équilibre mental ne doit rien à un élément extérieur. C’est ce qui nous fait agir dans nos vies en harmonie avec les autres.

De Sattvas – se forment INDRIYAS (les sens)

5 facultés des perception JNANENDRYAS- (pancha jnana indriya) : organes de cognition  : oreille, peau, yeux, langue et nez

5 organes moteurs  KARMENDRIYAS (pancha karma indriya) : organes d’action : bouche, main, pied, organes de repodcution, organes d’excrétion

Esprit : organes de la cognition et de l’action

 • Parce que leur moteur est le désir, les rajas tournent autour de la sensation d’éprouver le besoin de quelque chose, au point de forger l’obsession de ce manque. Si nous n’agissons pas, nous avons peur de manquer de ce dont nous ressentons le besoin. Si nous comblons le manque vers lequel nous pousse notre désir, alors le mental retrouve la sensation équilibrée de calme (mais il risque de revenir à la peur de la perte). Les rajas induisent le ressenti d’un dynamisme intense, ils vous poussent à agir dans le monde avec enthousiasme et passion, l’esprit sans cesse angoissé, obnubilé par tout ce qui pourrait vous arriver. 

• Les tamas sont le reflet d’un esprit confus qui conduit à l’indécision, à la léthargie et à l’inaction. L’individu ne détermine pas la nature de son ressenti, ce qu’il veut, ce dont il a besoin. Pris dans cette mouvance, le comportement risque de se montrer autodestructeur, nuisible à l’encontre des autres. Malgré tout, les tamas sont aussi le vecteur du calme, de la relaxation, de la restauration de l’énergie par le repos et le sommeil. 

De Tamas naissent : 5 sens Tamatras – 5 éléments maha tattvas

Son- guna - Ether

Toucher – guna air – Vayu

Vue – guna feu - Tejas

Gout – guna deau – Jala

Odeur – guna terre – Prtvi

 

De plus que les Maha Tattvas, Samkya présente 24 tattvas, qualité supplémentaires.

Pour l’approche tantrique, soit  le Shivaïsme du Cachemire trente-six tattvas ultérieurs.

En ce qui concerne le yoga, Patanjali, qui a été le premier à vraiment en donner une définition, s’est inspiré de la cosmologie Samkhya pour écrire ses Yoga Sutras. Il y dit que le yoga est la cessation des fluctuations du mental (« Yogash Citta Vrtti Nirodah », Y.S.1.2). Le but du yoga serait donc d’arriver à « remonter » les tattvas afin de demeurer dans la nature éternelle et immuable de Purusa. 

L’expression unique des gunas au sein de chaque individu confère à une personne son identité propre. 

C’est aussi la façon de décrire la satisfaction relative que nous puisons dans notre lien émotionnel au désir. Ce modèle constitue un outil efficace pour analyser et comprendre les schémas sous-jacents de nos pensées et de nos émotions, avec application directe dans notre pratique de yoga. 

Ensemble, les trois gunas se montrent toujours présents à tel ou tel degré dans la vie de chacun. Ils forment votre attitude, votre nature et votre potentiel. 

Il ne s’agit pas d’évaluer ces tendances comme bonnes ou mauvaises, mais de les mesurer pour avoir l’idée de la façon dont nous nous sentons et comment nous interagissons avec les autres dans nos vies. Dans notre existence de tous les jours, nous nous sentons attirés vers telle chose ou telle personne autour de nous. Il n’y a rien là d’anormal. 

Ce qui est important, c’est la qualité de cette attirance. Quelle que soit la chose ou la personne qui nous attire, notre mental en est préoccupé. Si nous voulons nous tourner vers la clarté, alors il est important de comprendre vers quoi notre attention et notre énergie se tournent dans notre quotidien, car ce sont des indices qui nous montrent ce qui se dresse sur le chemin de cette clarté. 

 

2. Shivaïsme du Cachemire

Le Shivaïsme du Cachemire a émergé vers 700 av. J.-C. à partir des anciens enseignements shivaïtes et connu un intérêt renouvelé au cours des 100 dernières années.

L’approche tantrique influnce de manière déterminant l’évolution du yoga et notamment de l’Hatha Yoga.

Pour la cosmologie tantrique, le début de la création est différent de celui décrit dans le Samkhya. 

Tout commence avec Parashiva (Brahman), la conscience non manifestée. Sans lieu ni forme, elle était absolument immobile, de toute étérnité.

Un jour germa en parashiva le désir de faire l’expérience d’elle-même.

C’est ainsi que Shakti, la force cératice, naquit de Shiva.

 Shiva (le principe cognitif) et Shakti (le principe opérationnel).

Shakti amorça le processus de création de l’univers entier et de l’être humain, donc de la substance matérielle nécessaire pour permettre à la conscience pure d’expérimenter son existence.

Le tout premier élément à se manifester lors de ce processus créateur fut le son – nada.

L’univers, où régnait auparavant un immense silence, se trouva parcouru par la VIBRATION du son primordial- LE MANTRA AUM.

Le son est une énérgie pure, soit le prana doublé d’une vibration - spanda se propage ainsi dans toutes les directions à partir d’un point central qui s’appelle bindu. Le bindu est la forme primordial de toutes les matières.

Puis le temps et l’espace apparurent: cala et kha.

En se développant shakti donna lieu à l’intelligence supérieure - Buddhi - qui est la source des toutes les savoirs.

Shakti créa la conscience de soi - ahmakara - qui permet a chaque être humain de se percevoir comme une creature unique , un individu.

L’étape suivante fut l’apparition de l’esprit individuel et subjectif – manas, formé de l’ensemble de toutes les expériences, impressions et imprégnation que cumule un être humain au cours de son exitence.

Shakti créa les organes des sens – indriyasa

-       Facultés de l’esprit ou instrument de perception : jnanedriysa – odorat, ouie touche vue gout

-       Instruments d’action – karmendriyas : parler saisir marcher décider téoigner

-       Les élément subtils – tanmatra le brut, le contac la forme le gout l’doeur.

Shakti créa les élements dense – mahabhutas : éter air feu eau terre – composant la matière.

MAYA- le voile 

La force créatrice de Shakti se densifia au fur et à mesure de sa matérilisation, tandis qu’elle s’entroura d’un voile (maya) tissé à l’aide des matières qu’elle avait créées.

On ne distingua plus la conscient pure tant de voiles s’étaient superposé…Shakti prit alors la forme d’un serpent qu’elle s’enroule sur elle-même (kundala) trois fois et demie avant de s’endormir profondément à la base de la colonne vertébrale de l’être humain.

Cette énergie dormante est la Kundalini – énergie de conscience inactive qui peut être réveillé grâce à la pratique du yoga.

Shakti peut prendre différents aspects en mythologie, elle est la force de l’intelligence qui sous forme de prana l’énergie vitale dirige tous les processus vitraux de notre corps ainsi que les cycles de la natures.

Elle est la grande mère qui se souci sans cesse en sa création, lui procurant soins et nourriture. 

La force de cette sollicitude maternelle s’exprime dans le désir qu’elle entretient en chaque être humain de retourner à l’origine de l’être, dans la conscience pure.

En plus, elle charge shiva de mettre à la disposition des humains, sous la forme des techniques du yoga, les outils dont il son besoin pour s’engager dans cette voie.

Dans le tantra on désigne le processus de création, au cours duquel l’esprit se matérialise, comme l’involution ou le rempli. Quand on s’engage dans la voie du yoga, on devient plus présent – plus éveillé par rapport à notre conscience et on utilise les termes d’évolution ou de déploiement.

Notre conscience s’amplifie et s’affine lorsque nous commençons à comprendre que nous ne sommes ni seulement un corps , ni seulement des pensées et des sentiments, et que nous nous apercevons de toute l’autonomie et de  toute l’intelligence avec lesquelles les forces de vie sont à l’œuvre en nous à chaque instant !

Deux autres différents points sont également à comprendre dans le Shivaïsme du Cachemire : 

-       L'esprit cosmique est composé de:  Sadashiva, « Je Suis Cela », je mets l'accent sur moi, le subjectif. 

-       Sada signifie « vérité » et Shiva signifie « principe cognitif ».  

-       Ishvara, « Ce que Je Suis », l'accent est mis sur « Ceci », l'objectif. 

-       Ishvara est le mot utilisé pour « Créateur ».  

Suddhavidya, « La Connaissance Réelle » (l'état d'équilibre entre le sujet et l'objet qui sont maintenant clairement distincts dans l'unité).  

De Suddhavidya émerge Maya (l’illusion), qui correspond au début du dualisme.

Prakritti est la première étape de Maya et elle est contrôlée par les gunas - Sattva, Rajas et Tamas.  

Le reste du système Shivaïte du Cachemire suit la cosmologie Samkhya. 

Selon le Shivaïsme du Cachemire, l'individu doit réaliser qu’il n’y a que la conscience pure qui existe. 

Comme dans le Samkhya, c'est l'inconscience, ou l'illusion par Maya, qui empêche l'aspirant de réaliser sa vraie nature. 

CONCLUSION SUR LA COSMOLOGIE TANTRIQUE

Selon le Tantra (qui peut être considéré comme le mode de transformation intégral des êtres humains pour le Shivaïsme du Cachemire), le sens de la vie consiste à rechercher l'équilibre en vivant dans cet univers exprimé tout en essayant de comprendre qui nous sommes réellement. 

Une fois que nous avons étudié les deux principales cosmologies du yoga, nous pouvons en déduire et conclure quelques applications pratiques et principes : 

L'univers du désir : c'est le souhait du divin de s'exprimer en tant que monde matériel.  

C'est le désir de chaque entité de fusionner avec le suprême. 

Tous les désirs ne sont que des expressions voilées de ce désir unique.

La matière et la vie : la vie a évolué à partir de la matière parce que la matière a évolué hors du mental cosmique. 

Evolution de ces deux derniers points :  Prakritti (grâce au Prana, l’énergie de vie) fait que les cinq éléments s'organisent en formes de vie de plus en plus complexes. 

L'esprit commence à évoluer hors de la matière. Il a toujours été là, somnolent.  La conscience évolue hors de l'esprit.  

C'est la pression du Prakritti tamasique qui agit sur les facteurs fondamentaux et qui fait que la vie a lieu.  

De même, ce sont les périodes de pression qui provoquent la croissance.  

C'est le cas de la pression du liquide amniotique qui provoque le développement du bébé. C'est aussi pourquoi les massages et le toucher sont essentiels pour la croissance et le développement développement des nourrissons et des enfants. 

La pression prend diverses formes.  Pour les humains, la pression est physique, psychique et spirituelle. Lorsque nous sommes stressés par exemple, nous disons : « Je suis sous pression ». La pression est responsable de l'évolution. 

En d'autres termes, les obstacles de la vie sont nos amis. 

C'est une vision typiquement tantrique de la vie. 

Evolution de la pression :  la vie devient de plus en plus complexe sous la pression de l'Esprit Cosmique.  

C'est le désir de l'esprit de créer des structures de plus en plus complexes pouvant abriter le mental en évolution. 

PATANJALI - LES YOGA SUTRAS

Cet ensemble de 196 aphorismes se concentre sur bon nombre des thématiques essentielles de la Bhagavad Gita et les approfondit. 

Il constitue la présentation classique du yoga raja , yoga « royal » de l’esprit, qui contient l’une des plus anciennes allusions à une pratique où s’impliquent à la fois des asanas et le pranayama. 

Beaucoup tiennent les Yoga sūtras pour l’écrit de base sur le yoga. 

Ces aphorismes expliquent comment s’acheminer vers le samadhi , l’état bienheureux dans lequel le pratiquant s’évanouit dans l’unité avec le divin en lâchant l’ego. 

À cause de l’activité constante du mental egocentré, sans cesse à l’œuvre, nos préjugés, nos désirs et nos passions nous entraînent dans l’abysse de la confusion, de la douleur, de la souffrance. 

(attention! cette vision est à l'opposé de ce que nous allons approfondir dans le parcours THE RADIANCE WAY - qui au contraire à une vision non - dualistique et qui accueilli les désirs, les sens et tout le spectre des émotions).

Le yoga selon Patanjali offre la libération de cette souffrance. Patañjali procure un guidage nuancé sur les pratiques capables de pacifier l’esprit et d’annihiler les afflictions mentales, causes de la souffrance dans le monde. 

Les Yoga sūtras ne débattent d’aucun asana ni pose, pas plus qu’ils n’en décrivent. 

Un point essentiel des sūtras – et, comme nous allons le voir plus loin, ce qui distingue le raja yoga du hatha yoga – repose sur l’idée que l’on doit commencer à l’aide d’observations éthiques et spirituelles avant de progresser tranquillement le long d’un chemin en huit étapes, ou « segments », à l’issue duquel l’on goûtera aux vrais fruits du yoga. 

B.K.S. Iyengar insiste : « Dans le voyage de la vie de chacun à travers le yoga, il existe des étapes à suivre. » 

Le chemin octuple, le yoga ashtanga (qui signifie 8) , se décompose en : 

  1. yama

  2. niyama

  3. asana

  4. pranayama

  5. pratyahara

  6. dharana

  7. dhyana

  8. samadhi

1. YAMA 

Le yama explique les principes du comportement éthique que chacun devrait observer dans sa vie de tous les jours, dans ses relations avec les autres et avec nous. Yama , dans sa définition littérale, signifie «contenir» ou «contrôler». Les yamas procurent une source de conseils sur les relations élève-professeur et envers la vie. Il existe cinq yamas : 

1. Ahimsa : sa signification est « ne pas blesser ». On interprète souvent ahimsa dans le sens de « non-violence ». Ce yama commence par le respect de son propre corps que l’on étendra à tous les autres êtres dans le monde. Quand on enseigne le yoga, cette sagesse trouve son application directe dans l’aménagement d’un espace sauvegardé où les élèves apprennent et pratiquent, dans l’approche empathique de nos disciples, dans la compréhension que nous manifestons, dans la qualité des conseils que nous offrons, lesquels ne doivent jamais blesser ni agresser, pas plus les élèves que nous-mêmes. 

2. Satya : sa signification est « se montrer honnête vis-à-vis de soi et des autres ». L’on soulève parfois le conflit possible entre ce second principe et l’ahimsa. Que se passe-t-il si la vérité blesse ? Dans l’épopée ancienne du Mahabharata , ce paradoxe apparent fait l’objet d’une attention particulière : « La vérité doit être dite quand elle est agréable, elle doit être énoncée plaisamment, et la vérité ne doit pas être dite si elle porte préjudice. Néanmoins, ne jamais mentir pour donner de l’agrément. » 

 3. Asteya : l’essence de l’asteya, « ne jamais voler », signifie se libérer du désir de posséder quelque chose que l’on n’a ni gagné ni payé. En ajoutant l’avidité à la liste des « sept péchés spirituels », Gandhi insista sur l’idée que « la richesse sans le travail » est mauvaise. Certains enseignants vont jusqu’à appliquer cette sentence à leur cours en poussant les élèves à « s’acquitter de leur dû » sur le tapis avant de bénéficier des fruits de la pratique. Ménager aux élèves le moyen de ressentir l’expérience de l’abondance dans leur pratique tout en respectant les limites de ce qui n’est pas immédiatement à leur poleçon. 

 4. Brahmacharya : l’essence de cette sūtra consiste à vous respecter vous-même et les autres dans une relation personnelle. On lui donne communément le sens large de « bon usage de l’énergie ». Iyengar, tout en faisant remarquer que la définition littérale renvoie à « une vie de célibat, l’étude religieuse et la retenue consentie », va jusqu’à souligner que « sans l’expérience de l’amour humain et du bonheur, il est impossible de connaître l’amour divin ». Le concept a pour origine la Bhagavad Gita où l’accent est mis sur l’idée que dès lors qu’il vit dans la vérité de brahman, « le cœur d’un homme […] n’est plus jamais agi par les effets des sens ». La Bhagavad Gita poursuit par ces mots : « Le yogi devrait gagner un endroit solitaire et y vivre seul » (Prabhavananda et Isherwood, 1944). Si l’on entretient des relations sexuelles, la stricte interprétation de la brahmacharya nous enseigne que « la possibilité de percevoir l’âme ou de réaliser le moi réel devient impossible 3 ». Chez d’autres, l’accent est mis sur « le juste équilibre des actions, des pensées et des ressentis, chacun avant tout canalisé vers la quête de l’absolu ou une réalisation plus grande ».

5. Aparigraha : sa signification est « absence de convoitise » – ne pas se montrer avide, rester affranchi du désir. Voilà pour son interprétation traditionnelle. Il est question de vivre en pleine générosité d’esprit et d’action, de donner sans espoir de retour. Appliqué à l’asana et au pranayama, ce principe est de nature à aider les élèves dans l’approche de leur pratique en leur inculquant une attitude de patience dans laquelle la constance et l’aisance se révèlent plus importantes que la simple réussite d’une posture. 

2. NIYAMA 

Les niyamas consistent en observances personnelles, une façon de se sentir bien qui transpose notre attention portée à la relation avec les autres à l’intimité de la relation avec nous-mêmes. 

Vivre les niyamas nous conduit à une authenticité plus grande dans notre pratique de l’enseignement.  

Même si les Upanishad détaillent une dizaine au moins de niyamas, les Yoga sūtras en retiennent essentiellement cinq : 

 1. Saucha : par la culture de la pureté du corps et de l’esprit, cette niyama induit à traiter son corps comme s’il était un temple. La pratique de l’asana détoxifie le corps, le débarrasse des impuretés causées par l’environnement et le régime alimentaire. Vous conserver en état de propreté à l’aide de bains réguliers vous aide à purifier le corps extérieur et la consommation d’une nourriture fraîche de qualité vous procure une propreté tout intérieure. Mais il est encore plus important de nettoyer le mental en gardant un état d’esprit aussi clair que possible. Quand on purifie le corps et l’esprit, nous nous rendons plus disponibles à l’attention portée aux qualités supérieures d’une existence consciente. Nous gardons les pieds sur terre, recentrés sur la vie au quotidien. Vous présenter dans un état de santé rayonnant et sous les traits d’un bien-être vibrant pousse vos élèves à adopter les mêmes qualités dans leurs vies. 

 2. Santosa : à partir d’un état de pureté, nous devenons humbles et nous nous satisfaisons de la modestie des choses, du passé et de notre sentiment de l’avenir. Santosa nous ouvre au bonheur d’être ce que nous sommes et ce que nous avons dans l’instant. Dès lors que nous reconnaissons, acceptons, que la vie constitue un processus dynamique d’apprentissage, de développement et d’évolution, nous sommes davantage prêts à nous accepter. Tirer du bonheur de ce que nous possédons se révèle en outre contagieux, et l’est d’autant plus que nous sommes enseignants. Vous satisfaire de vos élèves et de vos cours pour ce qu’ils sont vous libère de toute espérance abusive et vous prépare à incarner le meilleur professeur possible. 

 3. Tapas : nous montrer présent autant qu’il est possible pour notre agrément, loin de toute indifférence ou autosatisfaction, implique un engagement contrôlé. C’est le rôle des tapas, le feu roulant de la pratique au quotidien qui suscite une austérité d’être, un caractère forgé qui nous ouvre tant et plus à notre nature véritable. Ce feu roulant d’enthousiasme nous donne le moyen de tirer parti de chaque expérience comme autant d’outils à notre propre réalisation. Les tapas nous aident à diriger notre énergie vers notre vérité et nos intentions les plus intimes, à rester attentifs à la façon dont nous nous tenons par notre corps, notre souffle, notre cœur et notre esprit. 

 4. Svadhyaya : habiter les yamas et les niyamas exige une pratique de l’auto-examen qui approfondit notre ressenti de l’être spirituel. Ce qui implique une connaissance intentionnelle de tout ce que nous faisons dans le monde, l’acceptation souriante de nos limites alors même que nous nous tenons centrés sur notre vérité. Nous cultivons là un moyen plus authentique d’être dans le monde, en notre qualité d’êtres humains et de professeurs. Nous accorder de temps en temps la pause utile pour nous poser les questions fondamentales sur notre façon d’enseigner accroîtra cette authenticité. 

 4.Ishvarapranidhana : parce que nous oublions notre ego, nos vies en viennent à exprimer toutes les qualités des yamas et des niyamas. Pour certains, voilà qui revient à s’abandonner en Dieu, à une idée du divin. Pour d’autres, c’est le sentiment d’être une expression de l’univers naturel tout entier. Quand elle s’ancre dans un sentiment d’être plus grand que le moi individuel, notre raison d’être se révèle plus claire. Ainsi en sera-t-il de notre enseignement. 

3. ASANA 

Le troisième membre du yoga tel qu’il se présente dans les Yoga sūtras est l’asana. 

 Les Yoga sūtras n’abordent aucun asana en particulier mais l’une des sūtras se penche sur l’un d’eux en le désignant simplement sous l’expression de « sthira sukham asanam».

Cet ancien aphorisme jette une lumière essentielle sur l’instruction de l’asana. Ce terme d’ asana se traduit ordinairement par « posture » ou « pose », mais il recèle une signification bien plus large. 

 La racine verbale d’asana porte le sens d’« être présent dans son corps, habiter, exister, vivre en lui ». 

 La traduction littérale d’ asana donne « prendre son siège », ce qui est interprétable par « être là », tout simplement, dans le moment présent. Et donc incarner les pratiques de méditation découvertes dans les écrits anciens sur le yoga à travers les Védas et les Upanishad.

 Sthira signifie « se montrer stable ou solide », tandis que sukham exprime l’idée de « se sentir léger, à son aise, détendu ». 

Si l’on rassemble tous ces termes dans le contexte d’une pratique dynamique, nous aboutissons à une qualité d’éléments mêlés à travers laquelle l’on cultive la constance, l’aisance, la présence de l’esprit, souffle après souffle, pendant et entre les asanas. 

 Tel est le sens d’ asanas quand il est exprimé et incarné dans une pratique intégrée. 

 

4 .PRANAYAMA 

Patañjali nous enseigne que le pranayama est « l’inspiration et l’expiration contrôlées du souffle au cours d’une posture solidement établie ».

Quand on se montre attentif au flux de la respiration à travers ses phases naturelles que sont l’inspiration – pause – l’expiration – pause –, le souffle se calme et ses effets se nuancent. 

Une prise de conscience subtile va affiner ce souffle. Peu à peu, l’on va introduire des techniques fines et difficiles. 

À chaque étape de cette pratique d’amélioration, l’on va systématiquement cultiver un ressenti de constance et d’aisance. 

 Au final, l’on dépassera la technique pour atteindre à un état de bonheur. En guise de préparation à cette pratique, Patañjali nous rappelle que les huit segments, ou membres, doivent se succéder. 

 Si l’on tentait d’atteindre le pranayama avant la préparation adéquate corps-esprit, des tensions se feraient jour et causeraient des préjudices. Maîtriser les asanas conduit au bon état physique et mental qui conditionne la bonne exécution du pranayama. 

 

5. PRATYAHARA – 6. DHARANA – 7. DHYANA 

La pratique du pratyahara consiste à tourner ses sens vers l’intérieur, à les détourner de leurs distractions extérieures. 

Patañjali fait là allusion à la tendance du mental à se laisser accaparer par tout ce qui stimule les sens et occupe les pensées ( Yoga sūtras II.51). Dès lors que nous activons nos sens, nous pensons, si nous pensons nous tendons à l’action. 

Par l’intériorisation de la conscience, le pratyahara nous donne le moyen de suspendre les interactions extérieures

Ce qui, d’ordinaire, se matérialiserait en bruit pénible ou en odeur désagréable s’évanouit, tout simplement. Sans le pratyahara, la sueur qui inonde vos sourcils ou le bruit que déclenche un élève retardataire sont de nature à vous distraire de votre respiration ou de votre attention concentrée. Avec le pratyahara, ces bruits, ces perturbations ne font qu’exister mais votre attention s’en détourne par son intériorité. Il nous ouvre à un état focalisé de concentration, autrement nommé dharana.

À ce stade de concentration, dharana devient dhyana dès lors que vous êtes parvenu à l’unité de votre corps-souffle-esprit, stade de conscience où connaissant et connaissance, sujet et objet, pensée et penseur se rejoignent en un seul être sur la voie du samadhi, autrement dit le bonheur.

8. SAMADHI 

Les huit segments du yoga ashtanga sont souvent figurés sous la forme d’un arbre. 

B.K.S. Iyengar en offre une telle métaphore dans sa Lumière sur les Yoga sūtras de Patañjali:

Yama crée les racines d’une vie éclairée et honorable à travers l’être éthique. 

Niyama constitue le tronc de l’arbre, la base de pureté du corps et de l’esprit de l’individu. 

Les asanas créent les branches qui s’élancent, fortes, tout en restant flexibles pour danser dans les brises de la vie. 

Les feuilles symbolisent le pranayama, elles insufflent la force de la vie par l’échange de la respiration.

Pratyahara, c’est l’écorce protectrice de l’arbre contre les éléments de l’extérieur et digue de son essence pour qu’elle ne s’écoule pas au dehors. 

Dharana est la sève qui flue dans les veines jusqu’aux feuilles, il est le garant de la solidité du corps-esprit.

La fleur de la conscience entière se nomme dhyana, elle qui mûrit lentement au cœur du fruit gorgé de la pratique, le samadhi, bonheur pur. 

Même si les origines historiques et les fondements philosophiques du HATHA YOGA s’éloignent de bon nombre des principes du yoga raja de Patañjali, nombreux sont les styles contemporains (ou lignées) du yoga qui doivent considérablement aux sūtras leurs fondations.

La lignée Krishnamacharya à laquelle se rattachent Iyengar, le vinyasa ashtanga et le socle du flux vinyasa, l’anusara, comme d’autres approches, sont fortement liés à la philosophie de Patañjali

Critique :

Il est ironique de penser que B.K.S. Iyengar, Pattabhi Jois et d’autres de la lignée Krishnamacharya confrontent immédiatement leurs élèves aux asanas et au pranayama ujjayi , respectivement troisième et quatrième segments, alors même qu’ils affirment que leurs approches s’incarnent pleinement dans les Yoga sūtras . 

Peu importe que l’on tienne ce paradoxe pour important ou pas : le chemin du pur yoga raja se révèle d’une difficulté majeure

Par contre les pratiques tantriques et hatha qui se firent jour quelques siècles plus tard aboutissent à une réponse pratique à cet obstacle. 

Les Yoga sūtras furent composées il y a quelque deux mille ans à une époque éloignée et dans une culture aux antipodes de l’Occident moderne. 

HATHA YOGA

Le Hatha-yoga que nous pratiquons aujourd’hui, est apparu en Inde vers le VII siècle de notre ère et il peut-être considérée comme une réaction au dualisme exposé dans les Yoga Sutras de Patanjali et au chemin de l’Ashtanga Yoga.

Les première postures sont apparus dans le texte – Hatha – Yoga- Pradipika - I,64 : «  Que l’on soit jeune d’âge mur ou vieux, malade ou faible, on atteint la réalisation grâce à la pratique inlassable des exercices et de tous les aspects du yoga ».

Le hatha -yoga réalise une synthèse d’exercices physiques: respiration consciente, travail sur l’énergie, pratique de la concentration, méditation et une étique de vie, qui s’adresse à l’être humain dans sa totalité et a pour but de l’aider à développer pleinement tout son potentiel.

Quand le Hatha-yoga fait son apparition, à cette époque, la culture indienne est traversé par le tantrisme :

 -un mouvement révolutionnaire qui s’oppose avec véhémence aux prêtres, qu’il accuse d’usurper toujours davantage l’exercice des pratique religieuses et d’entretenir une culte hostile à la vie et au corps-

Le tantra développe alors des technique variées afin de permettre à l’être humain d’éprouver à nouveau, à travers son corps, son souffle, ses sens et sentiments, la présence de Dieu sans intermédiaires, dans sa vie quotidienne.

Les maître du tantra affirment que chacun peut faire l’expérience du divin, qui n’a besoin ni de forme ni de représentations.

Selon leur enseignement, nous pouvons connaître Dieu en nous ouvrant entièrement à la force du vivant et en prenant conscience qu’à travers chaque cellule de notre corps, nous participons de cette énergie appelée PRANA dans le yoga.

TANTRA

Le mouvement tantrique en Inde, né de l’influence du bouddhisme mahayana des premiers siècles du premier millénaire, constituait en partie une réaction contre les pratiques dualistes et de renonciation telles que les enseignent les Védas et les Upanishad , plus tard codifiées dans les Yoga sūtras . 

L’idée clé du tantra – qui veut que tout dans l’Univers soit l’expression du divin et donc utilisable comme source de la conscience divine et de l’être – marque la rupture avec les enseignements védiques et upanishadiques traditionnels qui auraient abouti à engloutir le yogi dévot dans une grotte perdue

Le mouvement du tantra s’oppose donc à des enseignements qui mettent l’accent sur l’idée que les ressentis humains normaux tels que le désir ou la sexualité forment un obstacle au vrai bonheur à l’illumination de l’être ou au moins en limitant l’accès. 

À travers quelques-unes des Upanishad – notamment la non dualiste Svetasvatara – l’on trouve l’ouverture vers l’idée d’une vie de plénitude, ici et maintenant, en un état d’autoréalisation et de libération – jivan mukti

À partir de la racine sémantique tan , dont le sens est « complet, exhaustif » ou encore « tout entier », le tantra tient la fabrication entière de l’existence comme l’expression du divin féminin ou énergie de Shakti. 

L’idée est de s’ouvrir à un sens du divin à travers toute expérience. La philosophie du tantra reconnaît le chemin de la liberté, non pas à travers la renonciation au désir humain et aux expérimentations, mais bien au contraire absolument à travers eux : 

“ Le tantra est ce corps asiatique de croyances et de pratiques qui, en partant du principe que l’Univers qui se révèle à nous n’est rien d’autre que la manifestation concrète de l’énergie divine du Dieu pensant qui crée en continu cet Univers, s’efforce de s’approprier et de canaliser cette énergie au sein du microcosme humain par des moyens créatifs et émancipateurs”. (D.G. White, 2001) .

Le tantra offre une approche intégratrice au yoga. Nous en exploitons toutes les facettes d’expérience intérieure et extérieure comme source d’ouverture consciente à la divine énergie, qui reste la force créative primordiale omnipotente, omnisciente et omniprésente de l’Univers. Cette démarche génère une profonde influence sur la façon dont nous pensons le corps et la pratique du yoga. 

Dès lors que tout devient manifestation du divin, bien sûr selon les différences à travers les expressions énergétiques, il existe des variantes infinies d’exister dans ce divin, y compris immergé dans ce qui peut apparaître comme parfaitement ordinaire. 

Quelques outils caractéristiques du tantra:

Mantra : cette pratique immerge dans l’énergie divine vibratoire du son par la modulation répétée d’hymnes ou de mots, la plupart du temps tirés des Védas (par exemple le mantra Gayatri), tout en accomplissant une riche série de rituels où entrent méditation, purification de l’espace sacré et évocation imaginaire d’un mur de feu protecteur. 

Yantra : au fur et à mesure que croît l’intériorisation de l’énergie mantrique par le pratiquant, l’exercice plonge dans la méditation sur un yantra, expression vibratoire visible du divin féminin en une forme géométrique traduite. Comme une carte du monde mantrique, cette forme incarne les forces de l’énergie de Shakti – intensité, rayonnement, délectation, plaisir, désir, accélération yantra, illumination, être et vighna vinashini , la puissance qui détruit la résistance. La pratique yantra suppose tout un arsenal de rituels, de visualisation, de méditation, de chants et d’offrandes. 

Puja : à l’opposé de la « main droite » de la voie tantrique du mantra et du yantra, la voix de la « main gauche » bascule des pratiques intérieures ésotériques à la plénitude de la vie dans le monde, pour accueillir au prix d’une concentration intense l’expression la plus puissante de l’énergie de Shakti à travers les expériences sensuelles les plus fortes. Dans la pratique puja, l’on va cultiver la maîtrise de soi, l’union du plaisir sensuel et de l’extase divine en se livrant aux actes les plus intenses.

L’objectif est d’« introduire la spiritualité dans l’existence au quotidien et inversement ».

Au centre du tantra repose l’idée, qu’il existe une continuité entre ce qui apparaît comme le royaume ordinaire de la vie humaine et l’infini. Au lieu de transcender la réalité matérielle du vécu humain, il s’agit de plonger plus intensément dans la voie de l’illumination et du bonheur. 

Cette approche, apparue au sein de la population ordinaire des castes les plus inférieures de l’Inde si segmentée socialement, a ouvert la plénitude de la pratique spirituelle de tout un chacun.

Le malentendu – le sexe sacralisé

Plus l’influence du tantra se fit sentir, plus son essence eut tendance à se perdre à cause du rejet de certains de ses rituels, notamment ceux qui impliquaient des pratiques sexuelles. Évoquer le tantra dans le monde occidental suggère des concepts de «sexe sacralisé», de quoi réduire le tantra à une pratique à peine plus avouable qu’une sorte de «sexualité spirituelle». Mais la relation sexuelle n’est qu’un aspect du tantra. La philosophie spirituelle et les pratiques qui le sous-tendent se révèlent plus profondes et subtiles. 

TANTRA DU CACHEMIRE DU XIX SIÈCLE

L’idée clé des écritures du Shivaïsme cachemirien revient à considérer l’existence tout entière comme une unité et non comme une dichotomie entre le pur et l’impur. 

On en connaît l’expression sous l’appellation de shivaïsme cachemirien qu’exprime avec poésie le chant du Spandakarika, la Bhairava Tantra et d’autres textes encore.

Il est là, ce concept central, le cœur de ce qui fut puisé dans les Védas et les Upanishad les plus anciens mais que la Bhagavad Gita a en grande partie perdu ou rejeté tout comme le yoga raja tel que Patañjali le décrit. 

L’idée du yoga dans la perspective tantrique est l’absence de séparation de façon à réconcilier cœur, souffle, esprit et émotion réunifiés, sans plus aucune distinction, sans y faire entrer quoi que ce soit tenu pour impur ou profane. 

SHIVA ET SHAKTI

La plupart des textes tantriques enseignent que Shiva et Shakti, ou énergie divine masculine et féminine, sont un – un dans le corps, un dans l’esprit, un dans le cœur de l’être émotionnel.

Dans cette expression de l’être, nous incluons la plénitude de la totalité de notre énergie pour devenir cette chose unique, ne pas être dans la différence, n’être rien d’autre que l’espace où tout est en vie

Quand nous progressons dans cette pratique, nous nous libérons de la pensée dualiste, nous vivons et comprenons que nous sommes ce bel espace que nous comprenons viscéralement, cette extraordinaire intégralité. 

BHAIRAVA TANTRA – 112 YUKTIS - TECHNIQUES DE MÉDITATION

Au IX e siècle de notre ère, le tantra vijnana bhairava offrit une large gamme de pratiques, de la plus simple à la plus complexe, où puiser cette qualité du savoir. 

Plus récemment, des yogis tantriques ont élargi cette connaissance pour dispenser ce que Daniel Odier nomme des «micropratiques». 

Les micropratiques se fondent sur la vitesse exceptionnelle de l’esprit, sur son goût pour cette vitesse et sa capacité à filer si vite. 

Les yogis du passé eurent une idée merveilleuse : inventer une pratique qui aille aussi vite que l’esprit. 

Plutôt que de tenter de s’opposer au mental, l’on va le suivre un bref instant au cours duquel tenter de se montrer complètement présent à quelque chose de tout simple. 

Vous voilà attablé devant votre tasse du café du matin, vous la portez à vos narines et, un instant, vous voilà absorbé dans toutes ces sensations que vous vivez pleinement. 

Vous voilà dans les bois, une feuille sèche crisse sous votre pied, une brise légère vous caresse la peau et les arômes de la forêt humide emplissent vos poumons. 

Là, en ces quelques instants, vous êtes pleinement conscient des sons, de la lumière, des senteurs, de votre épiderme, de votre cœur, et par le sens qui vous fait sentir quelque chose de bien plus grand présent dans tout, vous, la nature, l’esprit, vous ne faites qu’un

Le but : tenir tout entier là, dans cette seconde, dans cette unique inspiration, y trouver un sentiment d’être en plein état de bonheur ou d’harmonie. 

Transposer ce sentiment en un asana de yoga et des pratiques de pranayama, c’est susciter l’éveil d’une qualité de savoir bien plus affinée et délicate qui aboutira à une connexion plus subtile du cœur-souffle-esprit, une conscience plus large de la totalité. 

L’axe de cette pratique, c’est être présent quand vous inspirez et expirez, c’est prendre conscience de votre souffle, sentir que vous respirez complètement, laisser aller le souffle à fond, et à cet endroit même sentir le corps-esprit voguer vers un espace d’ouverture spontanée d’esprit ou de béatitude. 

D’OÙ VIENT LE YOGA QUE PRATIQUONS – LES SOURCES

Le hatha-yoga, et chacun des styles de yoga parmi les plus connus pratiqués en Occident aujourd’hui est un dérivé du hatha yoga : le flux vinyasa, les yogas Iyengar, anusara, vinyasa ashtanga, le Power yoga et des douzaines d’autres dont les variantes mineures autour d’une tradition ou d’un style méritent une marque déposée, sont donc des pratiques axée sur l’énergie.

Les premiers écrits détaillés consacrés au hatha yoga et les explications associées de l’entraînement aux asanas ne remontent qu’à quelques centaines d’années et non pas à quelques milliers comme on le prétend souvent ou qu’on le laisse entendre dans les médias grand public dévolus au yoga, ou dans certains livres. 

Le premier écrit substantiel sur le hatha yoga, le fameux Hatha yoga Pradipika , fut rédigé au cours du XIV e siècle par le sage indien Swami Swatmarama. 

Ce fort honnête texte encyclopédique qu’est le Pradipika passe en détail l’asana, le shatkarma , le pranayama, la mudra , le bandha et le samadhi, et délivre pour chacune de ces pratiques en interrelation un guidage spécifique (tous ces éléments sont passés en revue plus loin). 

Le Shiva Samhita , écrit entre les XV e et XVII e siècles, montre, plus clairement que le Pradipika , l’influence du bouddhisme et du tantra dans le développement du hatha yoga.

Même s’il ne décrit en détail que quatre asanas, le Shiva Samhita donne une explication détaillée des nadis (les canaux d’énergie par lesquels le prana flue), approfondit la nature du prana, ou « force de vie », met en garde contre les nombreux obstacles que l’on affronte dans la pratique et explique comment les surmonter par tout une série de techniques. Parmi lesquelles le dristana (regard conscient), le mantra silencieux et les pratiques tantriques pour l’éveil et l’énergie en mouvement. 

Le Gheranda Samhita , composé à la fin du XVII e siècle, traduit l’influence amoindrie du tantra, notamment tout ce qui implique une interaction sexuelle.

Sept chapitres décrivent les sept façons de se perfectionner dans la voie du yoga : les shatkarmas pour la purification, les asanas pour la force, les mudras pour la stabilité, le pratyahara pour la sérénité, le pranayama pour la légèreté, le dhyana pour la réalisation et le samadhi pour le bonheur. 

 Selon les textes originaux, le hatha yoga offre d’atteindre trois buts

1/ la totale purification du corps, 

2/ l’équilibrage des champs physiques, mentaux et énergétiques, 

3/ l’ouverture d’une conscience plus pure à travers laquelle l’on finit par entrer en contact avec le divin au prix de pratiques ancrées dans le corps physique. 

Le hatha yoga, à son apparition, se montre bien davantage lié au tantra par sa quête de développement spirituel à travers l’expérience ordinaire de la vie et par la plongée dans l’expérience sensuelle du corps à la recherche de l’intégration équilibrée de ce même corps, de la tête et de l’esprit. 

Le hatha yoga recourt à tout ce que vous êtes – physiquement, mentalement, émotionnellement, notre nature intérieure la plus subtile et la plus insaisissable – en guise de matière première pour apprendre, voir et intégrer notre être entier, en nous ouvrant à notre imagination, notre intelligence, notre enthousiasme, notre énergie la plus large et à la conscience d’une vie spirituelle. 

Le terme hatha dérive de ha , le « soleil » et de tha , la « lune ». Lesquels symbolisent la force de vie et la conscience. 

Le prisme varie selon la tradition et la perspective, avec un accent mis sur le tantra dans le Shiva-Shakti, sur le yin et le yang dans le taoïsme et sur les capacités physiques du côté de la matière-énergie.

Pour se ressentir pleinement vivant et conscient, ces antagonismes ne font plus qu’un, une harmonie uniforme de l’être. 

La difficulté tient à notre tendance à rester figé dans notre mental, dans notre corps, dans notre cœur. 

Le hatha yoga propose une façon d’atteindre à cette intégration en suivant une voie qui oblige à se livrer à des pratiques spécifiques de purification du corps, d’apaisement du mental et d’ouverture du cœur.

SHATKARMA – LES PRATIQUES DE PURIFICATION 

Le shatkarma, qui se décompose en shat, « six » et karma , « action », se présente comme l’étape initiale des pratiques du hatha oga. Elles sont conçues pour équilibrer les trois doshas ou qualités énergétiques du corps – kapha, pitta et vata – afin de créer une harmonie dans le corps et l’esprit qui prépare l’individu à l’asana, au pranayama et autres pratiques de hatha. 

En travaillant l’équilibre énergétique, nous améliorons la fonction corporelle dans sa globalité en autorisant les pratiques d’asanas et de respiration consciente pour poursuivre dans un plus grand confort et efficacité. 

 Les six techniques:

o   dauthi (purification intérieure), 

o   basti (lavement yogique), 

o   neti (lavage nasal)

o   trataka (concentration du regard)

o   nauli (massage abdominal)

o   kapalabhati (purification du cerveau)

ASANA ET RESPIRATION – LES PRATIQUES D’ÉQUILIBRAGE ÉNERGÉTIQUE

Les yogis du hatha découvrirent qu’à travers les pratiques des asanas l’on parvient à un équilibre délicat du corps, de la tête et de l’esprit. Dans la foulée des pratiques de purification shatkarma, les asanas nettoient le corps en suscitant le feu intérieur qui brûle les impuretés. Ils activent la circulation, revitalisent tous les organes corporels, raffermissent les muscles et les ligaments, stabilisent les articulations, facilitent le jeu des nerfs et favorisent un meilleur fonctionnement de tous les systèmes organiques. 

La purification profonde du corps et la recherche de l’apaisement favorisent la circulation du prana, nourrissent, soignent, rassemblent corps et esprit. 

Au verset 33 du Pradipika , Swatmarana nous fait savoir que «quatre-vingt-quatre asanas furent enseignés par le Seigneur Shiva». 

Le Pradipika n’en décrit que quinze. 

Le Gheranda Samhita nous apprend que Shiva enseigna 8 400 000 asanas, « autant d’asanas que d’espèces vivantes ». 

En réalité, l’asana touche à l’infini, il met en avant une pratique qui relève davantage du processus que de l’atteinte de quelque forme parfaite préconçue. 

Par l’évolution continuelle du hatha yoga, il arrive que changent telle description spécifique et telle forme des asanas tout en conservant un même nom souvent attribué à des positionnements physiques très différents les uns des autres. Aucun de ces écrits ne révèle d’instructions détaillées sur la façon d’appliquer les techniques d’asana. 

La sagesse dont il est question n’est sans doute pas le critère essentiel de la capacité de tel ou telle à réussir un asana particulier. 

La complexité de la technique asana et la précision des consignes dans le plus récent développement du hatha yoga ont largement contribué à rendre cette posture et d’autres réalisables par une foule grandissante de pratiquants, qu’ils soient, ou non, « sages ». 

Pourtant, ce ne sera pas avant la moitié du XX e siècle que le processus de la pratique des asanas se verra décrit de façon plus détaillée qu’au XV e siècle. 

Par contraste avec leur évocation sommaire de l’asana, le Gheranda Samhita comme le Pradipika fournissent un guide fort détaillé de la pratique pranayama

PRANAYAMA

Ces textes commencent par des considérations sur le lien inextricable qui unit le prana et l’esprit : 

 « Quand le prana est en mouvement, chitta (la faculté mentale) est en mouvement. Quand le prana ne connaît pas de mouvement, chitta ne connaît pas de mouvement. C’est par ce moyen que le yogi parvient à la fixité et qu’il maîtrise alors le vayu (l’air) ».

Des techniques spécifiques font l’objet d’une explication, notamment le cadre d’action, la saison, l’endroit, la vitesse d’exécution, le rythme, le maintien, plusieurs méthodes d’alternance narine droite, narine gauche, l’utilisation des bandhas et des mudras . 

Mudra et Bandha et d’autres pratiques d’ouverture de la conscience sont décrites dans ces textes.

L’objectif du hatha yoga, en s’appuyant sur les pratiques tantriques décrites des centaines d’années plus tôt dans différents textes dont la Bhairava Tantra, est de libérer cette énergie cosmique avec pour effet de la réveiller via les chakras les plus subtils. 

LE MALENTENDU AVEC LA VOIE OCTUPLE DE PATANJALI

De nos jours, il se trouve bon nombre de traditions de hatha yoga qui revendiquent tirer leurs racines de la philosophie du yoga raja de Patañjali. 

Le yoga raja, grandement influencé par la philosophie bouddhiste du yama et du niyama, tient SELON CERTAINS de la religion que de la vie spirituelle d’un individu. 

Dès lors que vous vivez dans le monde réel relationnel, fait de travail, d’aventure, de culture et de société, vous risquez de vous rendre fou à tenter de contrôler votre mental comme un yogi de pur raja est tenu de vous l’apprendre.

LA VOIE DUELLE ASCETISTE – LA VOIE TANTRIQUE NON DUALISTE

À travers les premiers écrits sur le yoga, nous voyons apparaître l’amorce de deux voies de pratiques nettement divergentes et souvent en conflit : 

-l’une est celle de la renonciation, elle est solidement ancrée dans le yoga raja de Patañjali, 

-l’autre reçoit l’influence du mouvement tantrique. 

Le développement du hatha yoga au cours des siècles qui ont suivi l’apparition du Hatha yoga Pradipika allait se faire le miroir de ces polarités d’orientation philosophique, pratique et spirituelle. 

Les distinctions entre ces tendances vont souvent compliquer le jeu sous forme de lignées, d’écoles, et les professeurs de yoga contribuent à leur tour, par l’apport de leur expression créative, à l’évolution de la philosophie et de la pratique du yoga.

Malgré tout, comme dans toute forme d’évolution, et même dans le cas de bonds énormes comme ici, les anciens fils conducteurs de sagesse et de pratiques aux facettes de couleurs si riches se révèlent encore dans la fabrique moderne du yoga.

Ils ancrent les enseignements contemporains, y compris les plus innovants, dans la connaissance qu’articulèrent les premiers les yogis de l’Inde il y a plus de cinq mille ans.

Comment le yoga est arrivé jusqu’à chez nous et comment il a évolué.

ARRIVÉ DU YOGA EN OCCIDENT

Krishnamacharya (18 novembre 1888, district de Chitradurga, Karnataka, Inde - 28 février 1989): érudit en philosophie et en sanskrit, après ses études académiques, il se consacre à l’étude du yoga. Il est invité par le Maharaja de Mysore à enseigner le sanskrit et aussi le yoga. Création de l’école de yoga à Mysore.
- B.K. S. Iyengar (né le 14 décembre 1918 à Bellur en Inde et décédé le 20 août 2014 à Pune en Inde): élève de Krishnamacharya dès son adolescence. Sa sœur est mariée à Krishnamacharya. Maladif et faible, Iyengar renforce son corps grâce à la pratique du yoga qui diffusera à Pune à l’âge adulte. Il développe son style qui vise notamment l’alignement et le renforcement du corps. La respiration – le Pranayama -  se pratique uniquement pendant la méditation et non pendant la pratique des postures. Grâce à lui le yoga est connu en Europe et aux USA. Il a en quelque sorte vulgarisé le yoga, le rendant accessible à tous. Son yoga se base sur les 8 pétales du yoga expliqués dans le YOGA SUTRA de Pantanjali.

-Sri Krishna Pattabhi Jois (26 juillet 19151 - 18 mai 2009) : également élève de Krishnamacharya, il développe en 1940 le Ashtanga Yoga dans la ville de Mysore. Un yoga très physique qui prévoit une série d’asanas exécutées toujours avec le même ordre qui coordonnent aux mouvements également la respiration (ujjayi) et la direction du regard (drishti).
Les style de power yoga et rocket yoga sont des dérivées du Ashtanga Yoga de Pattabhi Jois. 
-T.K.V. Desikachar ( 21 juin 1938 - 8 août 2016) est le fils et l'étudiant privilégié de Krishnamacharya. Créateur du Vinyasa Yoga (Viniyoga), soit un yoga qui s’adapte à chaque pratiquant et en coordonnant le mouvement à la respiration. « Ce n’est pas la personne qui doit s’adapter au Yoga mais le Yoga qui doit être ajusté à chaque personne. »

ECOLES ET STYLES DE YOGA RECENTES

Kundalini Yoga : 1969 par le Yogi Bhajan. En se référant à la force de la Kundalini qui se situe à la base de notre colonne. La pratique du Kundalini Yoga associe le chant, les mudras (gestuelles des mains), les mantras et les postures. A ce sujet Carl Gustav JUNG a écrit un livre : Psychologie du yoga de la Kundalini. 

Dharma Yoga : Sri Dharma Mittra a commencé à étudier le yoga en 1958. En 1964, il a quitté l'armée de l'air brésilienne et a déménagé à New York , pour étudier avec son nouveau gourou, Sri Swami Kailasananda . Sri Dharma Mittra a commencé à enseigner en 1967, après avoir passé une décennie comme yogi et brahmachari à plein temps (un étudiant religieux célibataire qui vit avec son professeur et se consacre à la pratique des disciplines spirituelles). Enseignant célèbre à l'ashram de son gourou, il est parti en 1975 et a fondé le Dharma Yoga Center à New York . Il enseigne quotidiennement depuis 1967 et il a créé seul la carte Master Yoga de 908 Postures. En 2006, il a publié une série de vidéo de yoga pédagogique intitulée Maha Sadhana: The Great Practice.

Jivamukti : 1984 par un couple d’américain, Sharon Gannon et David Life créent un mélange d’asanas, chants, mantras et méditation.  Le tout en faisant référence à certains principes du yoga classique de Patanjali.Bikram Yoga / Hot Yoga : il s’agit d’une série de 90 minutes de 26 postures et de 2 exercices de respiration. Pratiqué dans une salle chauffée à 40°C et dans un ordre prédéfini, cette série permet un étirement en profondeur de toutes les parties du corps, et favorise l’élimination des toxines. 

The Rocket Yoga: Larry Schultz developpe dans les années 80 le style The Rocket, soit une version modifiée de l'Ashtanga classique, en mélangeant les postures de plusieurs séries et en rendant la pratique plus accessible et douce, tout en gardant un rythme dynamique.

Anusara Yoga:  l'américain John Friend crée son propre style de yoga en 1997, il fut un élève de Iyengar. Très proche du Vinyasa Yoga. Il connut beaucoup de succès avant les scandales dont il a fait l’objet le fondateur. Bien que John Friend ne fasse plus partie du mouvement Anusara, ce style de yoga est rencontre encore beaucoup de succès. Nombreux enseignants internationaux de nos jours sont issus de cette école de yoga.

Sources principales: Mark Stephens, L’enseignement du yoga; Ronald Steiner et Anna Trokes, Yoga Perfectionnement; Le guide complet du yoga, Mark Kan; Stéphane Le Colas, Les chakras: ce qu’ils sont vraiment;

Si vous souhaitez des conseils de lectures, je reste à votre disposition par mail.